C’est dans les bacs à livres d’un bouquiniste du premier arrondissement, où je furetais distraitement à la recherche de quelque lecture pas trop éreintante à même de m’occuper pendant les trajets en métro, que je l’ai découvert. Il était, semble-t-il, à sa place, rangé dans la section « humour » parmi d’autres livres semblables, entre recueils d’histoires drôles miteuses et classiques de Pierre Dac ou de Desproges.
Son titre, Les Blagues impies et interdites de Guy Montagné, bien qu’un peu excessif, n’avait rien non plus de très surprenant. « Les pires blagues… », « Les histoires drôles taboues… », ce genre de formules était atrocement banal dans les titres de recueils parus jusqu’au début des années 2000. Déjà kitsch à l’époque, elles sont aujourd’hui la promesse adressée au lecteur qu’il pourra, pour un euro et parfois moins, s’offrir le plaisir à la fois coupable et snob de jouir de sa propre supériorité morale sur des auteurs non seulement beaufs et ringards mais dont l’œuvre serait, aujourd’hui, immédiatement vouée au cancelling. [Lire la suite]